SQUAT ST-JUST / Les voix intérieures / Journal de la maison
07-01-2019
Après l’occupation de l’église Saint-Férréol, les nombreux rassemblements devant l’ASE et le campement solidaire devant le CD, des organisations issues du collectif MIE 13 et leurs soutiens occupent avec des mineurs étrangers isolé-e-s et des familles exilées un ancien couvent, au 59 avenue Saint Just, aux abords du Conseil Départemmental.
Mardi 1er janvier 2019, cela fera 2 semaines que le SQUAT ST-JUST a ouvert ses portes.
Investi le mardi 18 décembre et voué à accueillir les Mineur.e.s Isolé.e.s Etranger.e.s, l'ouverture s'est étendue aux enfants et à leur mère, aux enfants et à leurs parents et aux enfants et à leur famille. Les hommes seuls et femmes seules, ne peuvent malheureusement pas être accueilli.e.s. C'est une position discutable mais qui a été discutée. Elle est difficile à vivre au jour le jour mais trouve son sens dans le combat mené auprès du conseil départemental pour qu'ils mettent à l'abri ces mineur.e.s comme il en a la responsabilité.
Aujourd'hui, ce sont 188 personnes qui habitent le lieu. Deux bébés, Tiger et Princess, y sont déjà né.e.s et nous attendons depuis cette nuit une troisième naissance !
La première semaine, au rythme effréné, a été riche, mouvementée, intense.
Les premiers jours ont tourné autour de l'accueil de dizaines de personnes : des mineur.e.s, des familles, des femmes mères, certaines enceintes. Chaque personne ou groupe de personne a pu intégrer et investir sa propre chambre avec salle de bains et toilette.
Ce fut une semaine d'installation, de réparations, d'accueil, d'ameublement, de va-et-vient, de mises aux normes, de l'aménagement d'une grande cuisine commune et de son réfectoire, de l'aménagement d'une pièce pour enfants, de réparations et de mise en marche de l'électricité, du système de chauffage, de l'eau chaude, de poses de serrure pour chaque chambre (plus de 60 chambres), de gestion des dons, des réserves de nourriture, de produits d'hygiène et de ménage divers...
Chacun et chacune ont pu ainsi prendre le temps de se poser, de se reposer, de dormir, de se réchauffer, d'apprendre à connaître les lieux, à connaître ses voisins et voisines, à trouver sa place.
Certaines assemblées des habitants et habitantes ont pu se tenir, d'autres non. Hier, il a été convenu de tenir trois assemblées collectives par semaine, tous les mardis, jeudis et dimanches à 17h.
Petit à petit, l'immense maison de 2 étages a trouvé et pris son rythme. Les discussions, les rencontres et les liens ont pris le pas sur les urgences, les nécessités et les priorités.
La deuxième semaine a permis des expérimentations quant à la mise en commun des tâches et des espaces, au vivre ensemble. Rien n'est figé, finalement. Et rien n'est parfait ou idéal, tout est en construction et en progression comme le soulignent les habitants et habitantes. Ce sont les faits pratiques, les relations qui se nouent et le vécu collectif qui améliorent l'organisation et les façons de faire. Une fois le sentiment d'urgence dépassé, la nécessité et l'envie de trouver un rythme commun nous ont rendu créatif.ve.s !
Les assemblées collectives des habitant·e·s ont été plus régulières et plus suivies. Elles ont été des lieux de discussions et de débats pour construire la vie collective mais aussi pour envisager la suite de la vie ici. De ces assemblées sont nées diverses initiatives, comme par exemple le souhait des habitant.e.s de communiquer avec le Diocèse sur leurs envies pour le futur de Saint-Just. Oui, parce qu'il reste toujours un point d'interrogation sur l'occupation du bâtiment après le 2 janvier !
Une assemblée ouverte aux bonnes volontés et aux soutiens extérieurs a eu lieu vendredi 27 décembre. Elle fonctionne comme une commission qui rassemble les propositions et les relaie auprès des habitants et habitantes.
De nombreux passages de volontaires, de maraudes, d'associations ont lieu à Saint-Just, ils contribuent à ce que le lieu ne manque de rien. Il y a aussi des permanences d'associations pour assurer l'accompagnement des mineurs et des familles qui le souhaitent : démarches pour scolariser les enfants, obtenir un.e avocat.e, se faire soigner.
Une chose est sûre : ça a bien l'air de fonctionner ! C'est calme par ici, de la musique par là, la cuisine est pleine, des ados jouent au foot devant la maison, des enfants courent dans les couloirs, on se chamaille dans la pièce à côté, quelqu'une voudrait faire un jardin, la terre est bonne apparemment.
Alors si, en à peine deux semaines, ici ça pousse, que nous réserve l'avenir ?
Collectif 59 St-Just.
Pour plus d'information : https://fr.squat.net/2018/12/31/marseille-squat-saint-just-journal-de-la-maison/#more-40895